Les comportements amoureux chez les chats

 

C’est le printemps, la saison des amours, et nos chats adoptent un comportement bien inhabituel. Ils se frottent à nous plus souvent, se roulent à terre, et miaulent à tue-tête tant qu’on a pas daigné leur ouvrir les portes leur donnant accès à l’extérieur.

Saison de renouveau, c’est aussi la saison de tous les risques pour les chats : le taux de mortalité y est particulièrement élevé, surtout chez les mâles. En effet, l’appel de la femelle est si tentant que notre chat - pourtant prudent- est bien moins vigilant aux dangers qui l’entourent. Hypnotisé par les phéromones de la belle, il peut traverser une rue sans regarder et oser pénétrer le territoire interdit du gros matou du coin.

En fait, il y a bien souvent deux saisons des amours pour les chats domestiques (le chat sauvage n’en comptant qu’une) : une au printemps, avec la naissance de petits en mai, et une autre en août avec l’apparition des petits en septembre. Mais il peut aussi arriver que certaines femelles soient aussi en chaleur en hiver, grâce aux conditions de confort que l’humain leur procure : sécurité, chaleur, nourriture. De quoi élever des chatons en toute quiétude et donc la possibilité de se reproduire, même par temps froids.

Il est très fréquent de voir son chat ou sa chatte disparaître pendant plusieurs jours durant cette période, qui s’étale sur minimum quatre jours. C’est le temps nécessaire à la femelle d’être correctement fécondée. Elle part donc aux alentours et appelle les mâles par des cris très spécifiques, longs et plaintifs. Il n’en faut pas beaucoup plus pour que les mâles rappliquent fissa, d’autant qu’elle dégage une odeur particulièrement envoûtante : les phéromones sexuelles dont aucun chat entier ne peut résister.

Tous les matous se retrouvent autour de la belle (qui prend des poses de plus en plus excitantes) et vont se battre pour avoir ses faveurs. Les bagarres sont impitoyables et il n’est pas rare que des chats se retrouvent borgnes ou avec des oreilles déchiquetées après de telles rencontres.

Curieusement, c’est la femelle qui choisi son partenaire. Ce qui est encore plus étrange, c’est comment s’opère son choix. Ce n’est en effet pas forcément le plus gros ou le plus beau chat qui sera choisi pour la féconder en premier. Face à un magnifique Persan bien bâti, madame préfèrera plutôt le chat efflanqué, gringalet avec les poils en bataille…

De toute façon, tous les mâles auront la possibilité de se reproduire avec la femelle. Celle-ci a plusieurs ovules à féconder, elle doit donc multiplier ses chances d’y parvenir et elle doit pouvoir accueillir une multitude de patrimoines génétiques différents. Voilà pourquoi dans une portée de chatons qui est le fruit d’une reproduction non contrôlée, tous ont une tête un peu différente. Il y en aura un blanc, un noir, un à poil long, l’autre à poils ras etc… c’est qu’ils ont des pères différents !

C’est le premier mâle qui monte la chatte qui déclenche son ovulation. A l’inverse des humaines, la chatte n’ovule pas tous les mois mais uniquement après le premier coït de la saison des chaleurs. Le mâle attrape la dame par le cou durant le rapport, pour éviter de se faire griffer et mordre, car celle-ci ne se laisse pas approcher si facilement malgré ses envies…Son pénis étant recouvert d’épines pointues, lorsqu’il se retire, la femelle crie violemment, sans doute de douleur. Mais c’est manifestement cette douleur qui provoque l’ovulation.

Lorsque la femelle ne ressent plus de « désir », et que tous les mâles sont comblés, chacun rentre chez soi, (en plus ou moins bon état), et la suite des événements se fera sentir quelques semaines plus tard, à la naissance des chatons.

 

Florence Cailliot-d'Ivernois
Ethologue, comportementaliste spécialisée dans le comportement du chat
www.comportementaliste-chat.com

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